Barnabas Calder est historien de l’architecture, spécialisé dans le brutalisme, la modernité et l’histoire de l’énergie en architecture. Dans ses travaux, il défend une thèse de prime abord assez simple : les villes et leurs habitats ont été façonnés par l’énergie disponible pour leur construction et leur fonctionnement. Par exemple, les édifices brutalistes sont le fruit de l’emploi sans limites — éthiques, matérielles ou financières — d’un béton bon marché par une main d’œuvre elle-même massive et bon marché. Considérant notre dépendance dévastatrice aux énergies fossiles, nous devons désormais pouvoir construire une architecture adaptée à la rareté des ressources disponibles. Se pose alors une question plus complexe : quelle architecture ?
Le texte que nous publions dans Habitante 5 regroupe l’introduction et le premier chapitre de son dernier ouvrage Architecture : From Prehistory to Climate Emergency (Pelican, 2021) au sein duquel il retrace toute l’histoire de l’architecture sous le prisme de l’énergie. Dans cet extrait, il en revient plus spécifiquement aux origines de l’architecture. Loin de dépasser le mythe de l’abri primitif, il le reformule pour appeler au renouvellement du langage architectural, clamer l’urgence de sa refonte et du retour à ses fondamentaux.

Gouverner la France n’étant point chose aisée, il faut bien une app’. Lors d’un récent Conseil des ministres, Elisabeth Borne et Stanislas Guerini ont vanté une méthode “orientée vers les résultats et la satisfaction des usagers”. Elle s’incarne autour de Pilote, une application dashboard.
Ce second article de Shannon Mattern publié dans Habitante a beau avoir 10 ans, à la lecture de cette généalogie des "centres de contrôle urbain", nous avons été une nouvelle fois frappé·es de l’acuité avec laquelle Shannon Mattern décrit des phénomènes latents à partir de l’observation panoramique d’objets quotidiens en apparence non signifiants et nous amène ainsi à regarder de l’autre côté de l’écran, derrière les app’ et leur indicateurs clé de performance.

Aurelia Guo a grandi à Sydney. En 2003, elle a voyagé à Taipei. Elle a vécu en Chine, à Harbin puis à Pékin, pour quelques mois en 2012. Cette même année, elle s’est rendue à Séoul, à Tokyo aussi. En 2013, elle a emménagé à Melbourne. Cinq ans plus tard, en 2018, elle a visité Bruxelles. La vie d’Aurelia Guo se raconte par endroits. Point par point, de façon parcellaire, elle se trace comme une cartographie. C’est comme si chaque nouveau chapitre de son existence s’ouvrait sur un franchissement de seuil : un quartier, un appartement, un centre commercial, une librairie érotique etc. Ici, les lieux n’opèrent pas comme de simples arrières-plans, venus encadrer les souvenirs, donner du relief aux actions ou un support à décrire. Aurelia Guo en fait, au contraire, des déclencheurs de la narration. Chacun est l’occasion d’un déploiement de pensée, d’un retour réflexif ou d’une introspection. Un espace en contient ainsi mille autres, et parfois aussi plusieurs époques. Comme cette « nuit de Chine » qui fait basculer la lecture vers le ciel pollué de Harbin, ou vers la mémoire incomplète de la colonisation belge.

Écrire un texte sur l’intérieur de Khloé Kardashian c’est naturellement participer au méta-gossip des relations publiques finement calculées des Kardashian/Jenner. Kelly Pendergrast, écrivaine et chercheuse spécialisée dans la technologie, l’écologie, les images numériques et la culture matérielle, joue le jeu avec une bienveillance et une précision corrosives. Ce qu’elle détecte dans l’analyse du garde-manger de Khloé relève, selon elle, d’un tournant logistique du foyer et les ramifications sociales qu’elle révèle montre comment les maisons des K/J enregistrent avec justesse certaines des grandes transformations de l’époque, fussent-elles — à force de s’entrelacer aux logiques les plus puissantes du commerce, des médias et des réseaux sociaux — assez inquiétantes.